Entretien avec Daniel Wu
Cette interview date un peu mais je le met quand même c'est à propos de Night Corridor:
Night Corridor
Alain : Pour rentrer dans la peau de votre
personnage dans Night Corridor, je suppose que vous avez d’abord dû
comprendre le monde intérieur de Julian Lee. Etait-ce difficile et quel
type de relations avez-vous eu avec lui ?
Daniel :
Quand j’ai choisi ce projet, j’avais lu le script et vu quelques
photographies faites par Julian Lee (dont certaines apparaissent dans le
générique de début du film). A partir de ça, j’ai eu une idée de comment son
esprit fonctionnait. J’ai réalisé que c’était une personne qui était
très
ouverte et qui voulait explorer le côté sombre de sa personnalité. De là,
j’ai senti qu’on avait des choses en commun. Après ça, tout a été très
simple et très direct. C’est important d’avoir un point de départ commun
quand on travaille sur un projet comme ça, sinon ça peut être très
difficile d’arriver jusqu’au bout. Heureusement pour nous, il y’avait une
compréhension mutuelle, c’est bien de pouvoir explorer certaines choses
sans avoir à expliquer pourquoi.
Alain : Comme vous avez travaillé avec Kara Hui Ying-Hung qui est une actrice vétérante de l’époque de la Shaw Brothers, avez-vous discuté avec elle pour obtenir des conseils sur l’art dramatique ?
Daniel : Habituellement, je ne parle pas d’art dramatique avec les autres acteurs, j’essaye d’apprendre par l’observation. En travaillant avec Kara, j’ai été surpris de la passion dont elle faisait preuve pour créer un personnage riche et profondément authentique. Beaucoup d’acteurs à Hong-Kong ne vont pas aussi loin pour se transformer à ce point et je respecte vraiment ça.
Alain : Vous avez produit Night Corridor mais Julian m’a dit que vous aviez été aussi impliqué dans d’autres aspects de la production comme la musique et d’autres choses. Pourriez-vous nous dire tout le travail que vous avez fourni pour ce film ?
Daniel : J’ai fait autant que j’ai pu pour ce film. En tant que producteur j’ai immédiatement senti la parfaite opportunité pour utiliser toutes les ressources que je pouvais. J’étais impliqué dans le choix du casting, les changements dans le script et le budget. J’ai cherché parfois avec succès, parfois en vain pour des financements, ce qui était plus dur que ce que je m’imaginais. Pendant le tournage, on a travaillé ensemble pour régler les problèmes : la façon dont les scènes devaient être tournées, etc… J’ai amené Jun Kung à faire la musique. J’ai choisi Jun pas seulement parce qu’on était amis mais parce que je sentais qu’on avait besoin d’une musique qui ne soit pas typique des films HK. Jun n’avait jamais fait une bande originale complète auparavant mais il a une bonne compréhension de la musique, ce qui l’a amené à créer quelque chose de frais, novateur. Maintenant, je travaille encore sur la distribution du film. Comme c’est un petit projet, J’ai pu me faire une idée sur à peu près tout, ce qui a amélioré mes connaissances en matière de réalisation de films.
Alain : Maintenant que le film va sortir en salles : êtes-vous satisfait du résultat final ?
Daniel : Content : oui. Complètement satisfait :
non. Je suis content parce que le film avait tout contre lui quand on
a commencé mais grâce à notre dévouement, notre passion et notre dur labeur
on
est parvenu à le faire et pas seulement ça, on a eu les meilleures
personnes de l’industrie cinématographique HK pour nous aider. La
satisfaction est quelque chose de différent. Je pense toujours que si
on avait eu plus de temps, si on avait plus d’argent, si on avait eu ci ou
ça, l’ensemble aurait peu être parfait. Mais évidemment c’est dur
d’atteindre la perfection, non ?
L'évolution de sa carrière
Alain:
Ce n’est pas la première fois que vous décidez d’apparaître dans un film
non-commercial. Avec votre nouveau line-up (Night Corridor, Hidden
Track, Miss To), il semble qu’à l’exception d’un possible Love
Undercover 3 vous vouliez travaillez plus avec des réalisateurs reconnus :
voulez-vous progressivement quitter le cinéma HK commercial ou
choisissez-vous ces films pour augmenter votre expérience ?
Daniel: Je choisis les films qui m’intéressent. Ce n’est pas important si le film est commercial ou non du moment qu’il y’a quelque chose dans le projet qui m’implique de façon active. Comme je ne suis pas une pop-star, j’ai donc la liberté de faire mes propres décisions et de jouer des rôles très variés. Je pense que ce que je redoute le plus, c’est de m’ennuyer et j’essaye d’éviter les rôles ennuyeux. Parfois les films non-commerciaux ont des personnages plus riches et intéressants mais les films commerciaux peuvent aussi en avoir, ça dépend vraiment du projet. Le plus important reste que j’obtienne du plaisir à faire des films, que ça soit juste pour le challenge ou le fun.
Alain : Depuis le début de votre carrière, vous avez joué beaucoup de personnages qui n’ont jamais le contrôle de la situation, qui se font manipuler. Est-ce une coïncidence où êtes-vous intéressé par ce type de rôle ? Si vous l’êtes, pourriez-vous dire pourquoi ?
Daniel : J’aime jouer des personnages vulnérables, qui ont des faiblesses parce que je peux mieux m’identifier à eux. J’aime les personnages qui s’interrogent sur eux-mêmes et leurs actions simplement parce que c’est ce qui nous définit en tant qu’êtres humains. Le fait qu’on ne soit pas parfait tient tout simplement de la nature humaine. Les personnes vraiment fortes le sont parce qu’elles ont compris ce que c’est que d’être faible. Plus on comprend ses faiblesses (au lieu de les éviter), plus on devient fort. Ceux qui prétendent être fort sont définitivement les plus faibles.
Alain : En produisant Night Corridor, vous avez sûrement dû apprendre certaines astuces sur la façon dont fonctionne l’industrie du cinéma : pensez-vous que cette expérience aura une influence sur votre désir de devenir réalisateur ?
Daniel : Oh oui, définitivement. Ca confirme que pour moi, quand on met de la passion dans quelque chose, on peut aller plus loin que si on avait des sommes d’argent faramineuses. Quand je regarde les grosses productions qui sont sorties cette année qui coûte autant de millions de dollars avec des grosses stars, etc, on peut y voir un manque de cœur et de force. Quand j’arriverais enfin à réaliser mon premier film, je commencerais d’abord à le faire avec le cœur et non l’argent.
Source: Par Alain et François (24/08/2003) sur le site Cinémasie.com